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LA GARDE ROBE DE MDVANII
1992 Les collections Catalogue
Si les tenues du premier catalogue jouaient avec l’idée d’une haute couture intemporelle et sublimée, celles qui furent proposées pour Mdvanii dans les deux catalogues de 1992, European Collection et Exclusive Representatives, étaient bien au dela de tout ce que l’on pouvait s’attendre à trouver dans le domaine des poupées de modes de l’époque et prenaient à contre-pied les attentes des collectionneurs de poupées traditionnelles.
Pour la première fois aussi, les tenues étaient photographiées sur les poupées. Il n’était plus tellement question de grandes robes du soir, mais plutôt de tenues très stylisées et épurées, surtout des fourreaux-bustiers plus ou moins longs, portés tels quels (Europa) ou avec une cape courte, des gants longs brodés ou un boléro à manches longues: c’était le cas de Gilda, une exquise robe du soir en crèpe marocain vieux rose coupé en biais avec boléro assorti et large ceinture en tissu brodé de fil d’or avec pochette assortie. La coiffure-casque à la Louise Brooks, au chic imparable, situait Mdvanii dans la modernité, rien de moins, ce qui dans le contexte de l’époque équivalait à des années lumière!
Les boléros étaient très “in” chez Mdvanii cette saison (en 1992): outre le somptueux modèle Gilda, il y avait l’ultra chic Dale, très VOGUE fin des années soixante, avec son boléro en cuir à franges sans manches sur combinaison pattes d’eph’, une pure merveille visionnaire; l’exquis Charles était trop généreux, une tenue de deuil pour croqueuse de diamants, initialement créée à l’attention d’un collectionneur dont le canari venait de mourir et qui désirait voir sa Mdvanii en grande tenue de gala habillée dans une tenue plus appropriée. Ce petit ensemble imparable se composait d’une robe-fourreau bustier en soie sauvage noire, d’un boléro manches longues assorti avec col en velours noir, d’une toque assortie avec voilette, de bas en organza noir, de chaussures laquées noires et de gants....blancs assortis à son casque à la Louise Brooks d’un blanc neige éclatant nommée...Sage! Mdvanii, jamais très à cheval sur les conventions, portait moult bijoux: un collier de chien en perles blanches, des manchettes-bracelets dorés et deux bracelets avec strass rubis, ce qui nous porte à croire que ce mystérieux Charles avait vraiment été très généreux... Fin du fin, Mdvanii avait dans sa boite, “un petit foulard de gaze très pratique” comme l’indiquait le texte en anglais. L’ensemble était présenté comme “a true mourning glory!”, un véritable chef-d’oeuvre pour funérailles, un ensemble très rare que peu de collectionneurs ont le privilège de compter dans leur collection aujourd’hui. C’est aussi la seule tenue de deuil jamais créée dans l’histoire des poupées de mode, avec celle qui fut réalisée également pour elle quelques années plus tard: The Widow Wore Black (La mariée était en blanc)
Entre autres tenues remarquables par leur style haute couture épuré, se trouvait Flame un ensemble de cocktail rouge-feu surprenant, composé d’un fourreau à larges bretelles brodées de perles or et d’un petit peplum-surjupe “comme on en a vu cette saison aux défilés, avec une toque plumée assortie, des gants longs en lamé or, bijoux, collier de chien et bas en organza, un chic fou, vous en raffolerez!".
Il y eut aussi la série Domino, des robes imprimées à manches longues avec petit noeud sur le coté, lesquelles, portées avec les magnifiques choucroutes très Diane Brill (reine de la nuit des années 1980, célèbre pour ses robes en latex) avec parfois même un foulard noué à la Monica Vitti faisaient un look sensationnel, d’un incroyable chic, somme toute...très simple!
Dheei, amie "afro-européenne" de Mdvanii...
Autre nouveauté et pas des moindres, l’exquise Dheei, l’ami “afro-européenne” de Mdvanii, initialement lancée au printemps 1991 était présentée pour la première fois. Elle avait ses tenues à elle, une garde-robe "tout simplement DIVINE!" comme le proclamait le catalogue. Sa fameuse robe-fourreau à volants sirène, assez sixties, était tout de même en soie sauvage rose ou vert turquoise avec une grande étole frangées assortie. Portée elle aussi avec une méga choucroute rousse ou rose barbe-à-papa elle n’était pas spécialement passe-partout mais au diable la discrétion quand on est ambassadrice et écrivain célèbre! Dheei était aussi montrée dans une tenue plus sobre, une robe fourreau en coton imprimé LIBERTY of London, porté avec une jolie veste en coton rose (une couleur solide) et chapeau mou assorti avec une grande plume très graphique....
...et Soraya.
C’est aussi sur ce catalogue que fut présentée Soraya, l’amie indienne extra-lucide de Mdvanii. Comme Dheei, elle portait ses propres tenues de style très couture, plutôt européenne d’esprit. Toutefois Soraya fut présentée en une première série limitée de 25 exemplaires pour SW Japan toutes vêtues de fourreaux en soie sauvage entièrement brodés de perles avec ceintures nouées et étoles en crèpe de soie dans d’époustouflantes associations de couleurs, avec de sublimes et rarissimes coiffures choucroutes noires, blanches, roses ou bleues. Rien ne manquait à cet hommage à l’Inde éternelle, pas même l’encens, incorporé dans la boite, laquelle eut même 25 fourreaux spécialement faits sur mesure avec des images de divinités hindoues.
Les bulletins de Sumiko Watanabe Japon, toujours à la pointe de Mdvanii.
LE SMART SET©
Ces catalogues présentaient aussi les créations de la série “Le Smart Set”, une nouveauté dans le monde de Mdvanii, comme l’annonçait le texte:
Vous pouvez faire confiance à BillyBoy* pour inventer une façon totalement nouvelle d’habiller votre Mdvani ou votre Dheei. Partir en jet à Rio pour le carnaval...ou à Londres pour une vente importante chez Sotheby à la dernière minute ne laisse pas beaucoup de temps à Mdvanii et à Dheei pour préparer leurs bagages avec des tenues compliquées. Avec “Le Smart Set” de BillyBoy*, elles pourront sans hésiter emporter des ensembles délicieusement mode d’une coupe irréprochable (cette qualité haute couture que vous connaissez et adorez chez Mdvanii).
Et, de fait, c’était le cas! Le Smart Set était une incroyable occasion pour les collectionneurs d’acquérir des coordonnés - les "Separates"- présentés comme de véritables vêtements de haute couture à des prix pouvant convenir à tous les budgets consacrés aux poupées de mode. Présentés simplement dans une pochette plastique à glissière avec logo BillyBoy*, le plus souvent avec le porte-manteau en métal doré ou métal noir et un accessoire, ces coordonnés étaient vendus à partir de 60 dollars pièce seulement. (Ils étaient pourtant tous entièrement réalisés à la main, en France, doublés de soie et d’une incroyable finition).
La plupart des ensembles étaient vendus moins de 160 dollars et l’on pouvait, selon le catalogue, constituer une collection dans la meilleure tradition des poupées de modes. Ces tenues pouvaient être portées indifféremment par les trois poupées féminines et offraient une grande variété de robes, jupes, chemisiers, vestes manteaux qui se combinaient tous ensemble. Les accessoires, présentés selon le mot de la princesse Bibesco comme “Ces petits riens qui font tout” proposaient chapeaux, bas, chaussures, bijoux...la liste est trop longue et la vie trop courte! Un choix étourdissant qui, en fait, destabilisa plutôt les collectionneurs qu’autre chose et eut, somme toute, un retentissement confidentiel. Contre vents et marées, BillyBoy* restait fidèle à sa conception selon laquelle la haute couture est faite pour les poupées, ce qui était certainement vrai...pour Mdvanii! Il importe de garder à l’esprit, qu’en dépit de sa notoriété, Mdvanii n’était pas exploitée de façon commerciale. BillyBoy*Toys était avant tout une affaire...d’artistes. Toutes les tenues originales du Smart Set furent produites en très petites quantités, n’excédant pas plus de quelques centaines de pièces, lesquelles furent représentées principalement par LIBERTY à Londres et SW Japan à Tokyo, ainsi que directement par BillyBoy* Toys. Ils sont extrêmement rares aujourd’hui. Heureux sont les collectionneurs qui ont eu le flair - et la possibilité - d’en acquérir!
Il est à ce propos intéressant de noter que le concept entier de “Fashion Avenue” pour Barbie, qui fut lancé vers 1994 fut directement inspiré, si ce n’est copié, sur Le Smart Set de Mdvanii et à ses innovations. Barbie se souvenait soudain qu’elle avait porté des gants et des bas (ce qu’elle avait laissé tomber depuis longtemps). Parallèlement à l’éventail infini de ses robes princesse en dentelle rose fluo et autres tenues de jogging qui constituaient l'ordinaire de sa garde robe, elle s’offrait tout d’un coup une ligne de tenues mode décidément plus “couture”, dont certaines étaient des copies conformes de modèles portés par Mdvanii: des robes du soir avec des détails de décoletés identiques, des manteaux de coupe analogue et, comme par hasard, des boléros, bien sûr! Tout ceci s’adressait avant tout aux collectionneurs adultes, une façon comme une autre d’exploiter le filon “haute couture” lancé par Mdvanii en ramenant les brebis égarées au bercail.
Ceci n’est qu’un exemple parmi tant d’autres de l’influence qu’eurent les idées de BillyBoy* sur la production des grandes compagnies de jouets, tels que MATTEL, Ashton Drake, Madame Alexander etc.
Dans la série catégorie remake (over) MATTEL fit à nouveau habiller Barbie, sans BillyBoy* cette fois, par quelques couturiers et stylistes pour L'OFFICIEL (Mars 1999) o?u elle fut photographiée avec de la haute joaillerie: les tenues sont réalisées par les maisons Lecoanet Hémant (dont Lala avait poliment refusé la création pour Mdvanii pour le même magazine en 1990), Christian Lacroix, Jean Louis Scherrer, Ted Lapidus (la robe créée par Olivier Lapidus ressemble de façon troublance auVERNISSAGE de Mdvanii), Emanuel Ungaro, Giorgio Armani. Vivienne Westwood, mais tout cela avait un goût de réchauffé. Quant aux coiffures, elles étaient toutes réalisées par... Alexandre de Paris, qui d'autre, et la photographie est signée par Studio Harcourt, bien sûr.
Personne ne pourra dire que Barbie, 20 ans après n'enfonce pas les portes de la crédibilité haute couture, pourtant laissées largement ouvertes par Mdvanii! Quant au livre, réalisée par les Editions Assouline en 2008 pour les 50 ans de Barbie, ce n'est qu'un plat réchauffé de plus dans l'histoire de Barbie, le concept sur lequel s'appuie le livre doit tout à BillyBoy* et à ses idées novatrices, sans que son nom soit crédité une seule fois dans l'historique de la poupée dont il fut pourtant le meilleur ambassadeur pendant dix années. (Voir à ce sujet l'article de la Fondation Tanagra Dessine moi une Barbie).
Mdvanii et Dheei photographiées au Studio Harcourt, 1990.
Tenues toutes prêtes
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