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MDVANII - SOUVENIRS DE LA TERRE
LES OEUVRES DE BILLYBOY* & LALA
Maison d'Ailleurs - Yverdon -les-Bains - 2000-2001
Mdvanii de BillyBoy* a été inventée en 1989
a Paris et n'a cessé d'évoluer depuis.
Création de deux individualités complémentaires,
C'est une oeuvre d'osmose et de continuité.
"Attention! C ceci n'est pas une poupée!" croit-on devoir préciser.
Mdvanii, sculpture pensante,
qui n'a de la poupée que l'apparence, est avant tout un médium
une invitation à la méditation.
Parfois, dans sa tête de porcelaine
Pour toujours, pour jamais,
est scellé un poème.
Ni héroine ni icône,
Ni Vénus ni Sapho,
Elle a tous les airs charmants
(comprendres enchanteurs)
Qui font la beauté de la femme,
Selon Charles Baudelaire:
L'air blasé
L'air ennuyé
L'air évaporé
L'air impudent
L'air froid
L'air de regarder en dedans
L'air de domination
L'air de volonté
L'air méchant
L'air malade
L'air chat, enfantillage, nonchalance et malice mêlés.
Avec les autres membres de sa tribu multi raciale,
elle nous emmène dans un univers lointain
oû humains et aliens se ressemblent étrangement.
Mais le futur,
c'est quand, et pour qui?
Mdvanii, dans sa combinaison de jour en matière organique, regarde au loin et se souvient.
Elle se souvient de la Terre, il y a très longtemps...
(Ce texte a été écrit pour le poster-invitation de l'exposition par Lala JP Lestrade)
MDVANII, UNE META FICTION
Mdvanii à la Maison d'Ailleurs représente un nouveau tournant dans le parcours de BillyBoy* et Lala. Évolution dans la continuité, l'exposition "Mdvanii, Souvenirs de la Terre" souligne le message esthétique propre à leur l'univers et projette le personnage de Mdvanii et ses alter ego femmes et hommes dans un lointain futur. Quand exactement? Libre au visiteur de le décider...
Avant toute chose, BillyBoy* et Lala disent exprimer le choix délibéré de la différence et de l'individualité sur l'uniformisation et le "prêt à penser", et à fusionner les univers si distincts des poupées, de l'Art, et ici, de la science-fiction. D'ailleurs, la carrière de BillyBoy* est depuis toujours marquée par le surréalisme, le futurisme et la science-fiction. Dès le milieu des années 70, par exemple, il invente le personnage de Mister Modern qui apparaît dans de nombreux clips vidéo, dans la presse underground ou lors de happenings. Ironique et décalé, annonciateur de grands changements sociaux à venir, Mister Modern est le pendant fantasmatique de son créateur: il surfe sur les modes pour mieux les précéder, manipule les média et se rit des masses qui l'imitent aveuglément... De même, BillyBoy* sera le premier à concevoir des costumes d'astronautes pour Barbie.
De fait, cette exposition marque la volonté de la Maison d'Ailleurs démontrer que la science-fiction ne se limite pas uniquement à l'imagerie qui lui est couramment associée par le grand public. Dans cette forme traditionnelle, la science-fiction a bien sûr produit de nombreux chefs-d'œuvre, notamment dans les domaines littéraire et cinématographique, auxquels le Musée de la science-fiction, de l'utopie et des voyages extraordinaires s'efforce régulièrement de rendre hommage... Mais la science-fiction a de multiples modes d'expressions et la Maison d'Ailleurs se fait un plaisir ici de démontrer une nouvelle fois combien ce domaine est varié et plein de surprises.
Étonnamment peut-être, les poupées ne sont d'ailleurs pas tout à fait absentes de la science-fiction, principalement en tant que pendants artificiels à l'être humain, tout comme les androïdes ou les clones. Ainsi, Olympia, décrite au début du XIXème siècle par E. T. A. Hoffmann, dans "L'homme au sable" (Der Sandmann), n'est rien d'autre qu'une poupée mécanique, mais à l'aspect tellement proche d'une véritable femme que le protagoniste principal de la nouvelle en tombe amoureux.
Chez Philip K. Dick, la poupée représente encore plus qu'un être humain factice. Inspiré par Barbie et ses consoeurs, l'écrivain américain imagine ainsi - dans "Le Dieu venu du Centaure", en 1965 - qu'il est possible de se projeter dans le monde miniatures des poupées grâce à l'utilisation de drogues hallucinogènes. Des colons menant une vie minable sur la planète Mars peuvent ainsi échapper à leur morne quotidien pour rejoindre Perky Pat, sa voiture de sport, son jacuzzi et son charmant pavillon de banlieue. La satire du mode de vie américain des années soixante n'est évidemment pas loin....
C'est également tout un univers que présentent à la Maison d'Ailleurs BillyBoy* et Lala. De fait, la poupée devient elle-même un support à la fiction: Mdvanii se voit en effet attribuer par ses créateurs une véritable dimension psychologique. Ils lui donnent le profil d'une femme intellectuelle, indépendante et cultivée, avec ses proches (amis, famille, amant..), ses occupations, ses lectures. C'est un monde à part entière qui apparaît devant nos yeux - à travers plusieurs vecteurs artistiques, photographie, dessin et sculpture.
La figure féminine a une place primordiale dans cette société et ne se contente pas d'être un faire-valoir pour l'homme. Nous sommes bien loin de l'image classique de la femme dans la science-fiction - qui est, comme le note l'écrivain Ursula Le Guin, soit "une poupée (!) couinante sujette à se faire violer à tout instant par un monstre, une vieille scientifique désexuée par l'hypertrophie des organes intellectuels ou, au mieux, la loyale petite femme ou maîtresse du valeureux héros". C'est tout le contraire ici: Mdvanii, énigmatique et raffinée, mène les hommes où bon lui semble, s'habille de robes-nuages ou de vêtements organiques, n'oubliant jamais d'être sophistiquée et glamour, même dans sa vie quotidienne.
Comme ont pu le dire BillyBoy* et Lala, si l'homme a marché sur la Lune, Mdvanii, elle, y marchera à coup sûr en talons-aiguilles...
Patrick G. Gyger
Conservateur de la Maison d'Ailleurs
Aout 2001.
MDVANII PASTORAMA: Passé - Présent et Futur
Le "Past-o-rama", mot de BillyBoy*, définit l'espace de la première pièce de l'exposition, où le passé, le présent et le futur de l'histoire de Mdvanii coexistent et se renvoient les uns aux autres. L'image multipliée et agrandie de Mdvanii, sous forme de photographies et tableaux, nous confronte avant tout à notre propre perception de l'objet "poupée": les seules Mdvaniis évoquant le passé (son passé) étant visibles à travers des trous perçés dans deux parois.
L'oeuvre centrale, "Robe mémoire", présente seule une Mdvanii futuriste, avancant sur un tapis rouge en trompe-l'oeil, entre deux rangées de mannequins-colonnes (symbole de l'inconscient?) est une allégorie sur le temps qui passe, inexorablement et qui se transforme perpétuellement.
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